Il est encore question d’expressions à éviter, à l’écrit comme à l’oral, et en BONUS, je vous dévoile quelques secrets pour être percutant. Mais qu’est-ce qu’un écrit percutant au juste ? Vous avez sans doute la sensation de lire ou entendre cela un peu partout, à tort et à travers, sans vraiment saisir le sens exact de l’adjectif « percutant » allié à un écrit. Parfois, il peut même faire peur : l’impression d’être trop direct, voire de bousculer son interlocuteur… Quoi de plus normal après des décennies de circonvolutions et acrobaties linguistiques estampillées « style administratif » ? Même les plus jeunes sont contaminés, il est temps d’agir !
Votre écrit est percutant quand
- vous savez capter l’attention de votre lecteur dès les premiers mots ;
- vous évitez les expressions timides qui vous affaiblissent ;
- vous rénovez vos formules pour attirer l’attention ;
- vous raccourcissez tout : phrases, mots, liaisons, paragraphes ;
- vous humanisez vraiment votre écrit et montrez de la vraie empathie ;
(lire aussi notre article : Les 5 expressions de fausse empathie) - vous osez utiliser l’impératif : il y a bien sûr des règles à respecter et il serait trop long de les exposer dans cet article ; juste un exemple qui fonctionne tellement bien : « veuillez ». Je vous indique le moyen d’en savoir plus à la fin de cet article.
Ceci est un kit de dépannage ! Il y a évidemment tant de procédés à mettre en œuvre mais vous avez ici l’essentiel. Les expressions à éviter qui suivent ont bien entendu été choisies pour illustrer ces propos.
1. Je me permets de vous demander votre avis sur …
« Je me permets » me fait penser à « excusez-moi de vous déranger » : je les appelle « expressions plat-ventre » ! Elles vous affaiblissent avant même d’avoir commencé à parler ou écrire… Que c’est dommage !
Ainsi, préférez : poser une question directe telle que « Pouvez-vous me donner votre avis sur… ? »
2. Rassurez-vous
Si vous n’étiez pas inquiet ou angoissé avant de l’entendre, là, c’est sûr, vous l’êtes ! Votre cerveau primitif détecte immédiatement le malaise et vous fait douter.
Ainsi, pour rassurer vraiment votre interlocuteur, évitez les registres « assurance » (je vous assure, rassurez-vous, soyez assuré) ou « inquiétude » (Ne vous inquiétez pas, pas d’inquiétude et encore moins « pas de souci » !) et optez plutôt pour l’engagement sur des actes que vous pouvez accomplir vous-même : « Je m’engage à vous rappeler avant 16h », « Comptez sur moi pour transmettre ces informations »
3. Je vous laisse votre bip et vos clés
Une régie a un jour fait appel à mes services pour former tout son personnel en écrits professionnels. Lorsque j’ai abordé la partie « mots négatifs à éviter », la personne chargée de l’accueil me confie qu’elle dit toujours à ses nouveaux locataires « je vous laisse votre bip et vos clés ». Dans le même temps, elle évoque le nombre anormalement élevé de « bips » (ou télécommandes) perdus et de la perte de temps engendrée. Je lui propose de faire un test sur 3 mois : remplacer « je vous laisse » par « je vous confie ».
Ainsi, 3 mois plus tard, le constat est sans appel : – 30 % de bips perdus ! Le croirez-vous ? Ce verbe « confier » est tout à fait magique à mon avis : il revêt une notion de confiance et donne un caractère précieux à la chose confiée, dont on a (inconsciemment) envie de prendre soin de ce fait.
4. Cet incident est indépendant de notre volonté
Ah oui ? Croyez-vous pouvoir rassurer votre interlocuteur avec une telle phrase ? Non, tout au plus, vous vous assurez une mention « langue de bois courante », je l’appelle « formule distante » pour tout le manque d’empathie qu’elle revêt.
Ainsi, vous préfèrerez largement exprimer de la compréhension : « Je comprends votre mécontentement »
Et plus légèrement, je profite d’avoir votre attention pour vous rappeler deux fautes de français à éviter, toujours dans l’idée de soigner vos écrits :
5. J’ai récolté les avis des collaborateurs
La récolte a quelque chose d’agricole qui ne va pas du tout avec « les avis ». Même si le Larousse admet la « récolte des documents », je vous recommande de réserver ce verbe à tout ce qui est comestible… et rien d’autre.
Ainsi, vous récoltez des carottes et collectez les avis des collaborateurs.
6. J’ai été à Paris
S’il y a un mouvement, c’est du verbe « aller » qu’il s’agit.
Ainsi, je suis allé à Paris et j’ai été ébloui !
Si vos écrits sont soignés ET percutants, alors vous tenez la recette du succès !
Convaincus par les écrits percutants ? Optez pour le module e-learning « Écrits professionnels : être percutant et orienté client » (module de découverte). Comme dans cet article, retrouvez des explications factuelles et des expressions prêtes à être adaptées à votre contexte.
Objectif : vous distinguer par vos écrits pro.
Au plaisir d’avoir de vos nouvelles !
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Sylvie Azoulay-Bismuth – contactez-moi
Formatrice et spécialiste en écrits professionnels – Cofondatrice de AB LEARN Le français des pros® – Auteur des formations en e-learning Le français des pros® et de l’ouvrage « Être un pro de l’e-mail » ed. Eyrolles (nouvelle édition 01 2018)